Commémoration 10 août 2023 en Gare de l’est

 

Déclaration de la Fédération CGT Cheminots par Maxime Lefrançois.
Chaque année à la même date, nous nous réunissons pour commémorer la grève insurrectionnelle des cheminots du 10 août 1944.

Chaque année nous nous rappelons le sacrifice de ces résistants et de ces anonymes.
Mais ce qui a amené l’héroïsme des cheminots en 1944 doit être connu des plus jeunes générations. En ce sens, cette commémoration qui précède celle de l'arc de triomphe dans la soirée, doit avoir valeur pédagogique.

Oui l'amour de la paix, de la fraternité, de la liberté, de l’égalité, l'espoir d'un avenir meilleur, le refus de l'ordre établi de l'occupant nazi ont été les moteurs de celles et ceux qui se sont engagés, souvent au péril de leur vie dans la résistance. Le dire et le répéter constitue une modeste pierre à l’édifice de la mémoire collective quand tous les moyens sont utilisés pour gommer et effacer de la mémoire les réalités de cette période.

La grève du 10 août 1944 a contribué, avec d’autres évènements, au soulèvement des Parisiens pour libérer Paris. Mais cette grève insurrectionnelle n’est pas arrivée toute seule, elle est la suite de plusieurs évènements qui l’ont précédée.

Le 1er mai et le 14 juillet 1944, les cheminots participent aux grèves et aux manifestations. Nombre d’entre eux sont arrêtés et déportés.

Le 6 août, la fédération CGT des cheminots, encore dans la clandestinité, dépose un ultimatum à la direction de la SNCF. Elle exige avant le 10 août 1944 la libération de milliers de résistants emprisonnés et que satisfaction soit donnée à plusieurs revendications.

Le 10 août 1944, les organisations syndicales appellent les cheminots à la grève afin de paralyser les transports ferroviaires des troupes hitlériennes. Dans la journée, ce mouvement gagne d’autres ateliers.  Au soir du 10 août des milliers de cheminots sont en grève dans une vingtaine d'établissements, l’action se développe dans les gares et les dépôts.

Il faut se souvenir que le soulèvement Parisien, et la libération de la France n’est pas un évènement spontané mais bien le fruit d’hommes et de femmes qui dès 1940, alors que la CGT œuvrait dans la clandestinité, ont choisi la résistance à l’occupant nazi au péril de leur vie. Tous ces événements, ajoutés aux actions armées, ne se déroulent pas sans réactions de l’occupant qui poursuit les arrestations, les prises d’otages, les fusillades et les déportations. Des morts et des déportations, les cheminots en ont compté 1370 dans les combats ou les destructions, citons ici, Pierre Semard, Auguste Garnier, Jean Catelas ou encore Georges Wodli tous dirigeants de la fédération CGT. Le chemin sera encore long avant que le pays tout entier ne se libère, que l’occupant rende les armes, jusqu’à la libération des camps de concentration et le retour des déportés et prisonniers qui ont survécu. La transmission de l’histoire est sans cesse à renouveler pour que personne ne l’ignore. C’est le devoir de mémoire.

Le programme issu de l’ensemble des forces françaises de la résistance réunies dans le CNR fixait des objectifs de progrès social mais surtout de liberté :

Liberté de la presse, des associations, de manifester, droit de grève, Sécurité sociale, droit à la santé, à la retraite, statut de la fonction publique, création des Comité d’Entreprise. Le droit aux loisirs, à l’instruction, à la culture, au travail et à un revenu décent.    En matière économique, le programme se donnait les moyens du contrôle par la nationalisation des secteurs clés de la vie économique : La production d’énergie, les communications et les transports. Parce qu’il constitue encore notre quotidien, ce programme n’appartient pas au passé, il porte des valeurs d’émancipations humaines et de civilisations.
Il se conjugue au présent et au futur, notre devoir est de le faire connaître aux jeunes générations, son nom « les jours heureux ».

Aujourd'hui, nous nous réunissons pour commémorer ce moment historique et rendre hommage à la mémoire des cheminots qui ont combattu pour la liberté.

Nous savons que la liberté n'est pas acquise une fois pour toutes. Elle doit être défendue jour après jour. Pourtant, l'actualité nous montre que la liberté est fragile.

La montée de l'extrême droite en Europe et dans le monde est une tendance préoccupante.

Nous voyons que des régimes autoritaires se renforcent et que des droits fondamentaux sont menacés.

Nous devrons sans cesse lutter contre les discours de haine et les discours xénophobes.

Le devoir de mémoire est essentiel pour que les sacrifices des cheminots, comme de tous ceux qui se sont opposés au facisme ne soient pas oubliés.Nous devons nous souvenir de leur courage et de leur détermination, et nous devons nous inspirer de leur exemple pour défendre nos droits et notre liberté. La CGT n’arrêtera jamais de se battre pour la liberté de tous les peuples, partout dans le monde.

La liberté, cette valeur précieuse qui doit être protégée et défendue.