Sarrebourg
En 1969 paraissait « Les Cheminots dans la bataille du rail » dernier ouvrage de Maurice Choury. Ce grand résistant, historien et patriote, avait voulu donner à la France et aux générations futures le témoignage de l’héroïsme quotidien des cheminots face à l’occupant nazi. Ce livre, fruit de son acharnement et de son engagement, est devenu une référence. Il rappelait que, dans l’ombre des gares et des dépôts, sur les voies et dans les ateliers, les cheminots ont payé un lourd tribut à la liberté de notre pays.
Né en 1919, Maurice Choury s’engage très jeune dans la vie militante et politique. En 1942, il rejoint la Résistance en Corse et devient l’un de ses fondateurs. Le 9 septembre 1943, il participe directement à l’insurrection victorieuse d’Ajaccio, qui marque le premier soulèvement réussi contre l’occupation nazie en France. À la Libération, il poursuit son engagement en tant que journaliste, historien et écrivain. Infatigable travailleur, il consacre une grande partie de sa vie à transmettre la mémoire de la Résistance et du monde ouvrier, en particulier à travers ses nombreux ouvrages.
Le 7 novembre 1969, alors qu’il venait d’achever les dernières corrections de La Bataille du rail, il est terrassé par une crise cardiaque à l’âge de 50 ans, à la veille d’une conférence qu’il devait donner à Ivry. Il laisse derrière lui une œuvre et un témoignage majeur pour notre mémoire collective.
Nous tenons, en 2025, à rendre un hommage particulier à Maurice Choury, dont l’action et la plume continuent d’éclairer notre chemin. Choury n’était pas seulement un historien : il fut un combattant, un témoin et un passeur de mémoire. Il a su donner aux cheminots résistants la place qui leur revenait dans l’Histoire, et rappeler que leur sacrifice et leur courage avaient contribué à la victoire et à la liberté.
Son œuvre n’appartient pas au passé : elle reste une boussole pour nos engagements d’aujourd’hui. Lire ou relire La Bataille du rail n’est pas un simple exercice de mémoire : c’est une manière de comprendre le prix de la liberté et la responsabilité qui nous incombe de la défendre.
En 2025, plus d’un demi-siècle plus tard, son message demeure d’une brûlante actualité. Alors que notre société est confrontée aux tensions, aux incertitudes et parfois à l’oubli, nous avons le devoir de rappeler ce que furent ces hommes et ces femmes : des ouvriers, des cadres, des agents de conduite, des employés, qui firent le choix de la Résistance. Sabotages, retards volontaires, actions clandestines, renseignement, transports de clandestins ou d’armes : autant de gestes simples mais courageux qui ont contribué à briser la machine de guerre nazie.
Aujourd’hui, alors que l’ANCAC poursuit son combat pour la mémoire, nous savons combien cet héritage est précieux. La Bataille du rail n’appartient pas seulement aux livres d’histoire, elle appartient à notre présent. Elle nous rappelle que la liberté et la justice sociale ne sont jamais acquises définitivement.
Que notre hommage aux cheminots résistants soit aussi un appel à la jeunesse, pour qu’elle fasse sien ce devoir de mémoire, appel à chacun d’entre nous pour qu’à travers commémorations, recherches et actions citoyennes, nous fassions vivre l’exemple de ceux qui, hier, ont résisté pour que nous soyons libres aujourd’hui.
Souvenons-nous. Transmettons. Ne laissons jamais l’oubli effacer le courage des cheminots de la Résistance.
Emmanuel Sanglier
Président de la section Alsace-Moselle de l’ANCAC
