Angers
Commémoration de l'assassinat de Pierre Sémard Angers

Le 7 mars 2025 rendez-vous était donné aux cheminots à 10h45 au monument aux morts de la gare d 'Angers pour honorer la mémoire de Pierre Sémard, 83 ans après sa mort une quinzaine étaient présents (beaucoup d’excusés)
Une gerbe fut déposée par un représentant de la section syndicale CGT et un représentant de la section ANCAC
Intervention du secrétaire adjoint de la section CGT en mémoire de P Sémard
Lecture du message du secrétariat national en mémoire de Pierre Sémard. Par le président de la section ANCAC d'Angers.
Un moment de recueillement fut observé. Un verre de l'amitié servi en sa mémoire salle Marpeau a aussi permis de continuer à discuter.
Le Président de la section d’Angers Moïse Dersoir

Intervention du secrétaire adjoint de la section CGT
Cher(e)s camarades, cher(e) ami(e)s,
Nous sommes ici réunis pour commémorer la mort d’un homme il y a maintenant 83 ans. Le 07 mars 1942 à Évreux, cet homme, Pierre Sémard, après 3 ans d’emprisonnement, était livré comme otage par la police française aux ordres de Vichy à l’occupant nazi. Le même jour il sera fusillé. Il avait 55 ans.
Secrétaire général de la Fédération CGTU des cheminots, il avait été arrêté le 20 octobre 1939 à LOCHES où il avait repris son travail. Puis, 6 mois plus tard, le 06 avril 1940, il fut jugé et condamné par un tribunal militaire français L’audience ne dura qu’une journée.
Avec cet assassinat, une grande figure du mouvement syndical cheminot disparaissait.
Parmi les otages fusillés n’oublions pas les syndicalistes Georges Wodli, Jean Catalas, Robert Brin, Guy-Pierre Gauthier, Emile Gugelot dirigeants de l'ANCAC. D’ailleurs, Pierre Sémard fut un de ceux qui en 1931 participèrent la création de L'ANCAC. Les nazis choisissaient leurs victimes de façon emblématique.
83 ans nous séparent de cette journée de deuil et d’espoir. Mais depuis, il n’y pas eu une année ou les cheminots actifs et retraités à l’appel du syndicat CGT, des associations de résistants et d’anciens combattants, les représentants du parti communiste, les hommes de bonne volonté pour rendre hommage à Pierre Semard et à tous les cheminots qui ont combattu pour la liberté souvent au prix de leurs vies et quelquefois de celles de leurs proches. Son épouse Juliette Contier, fut déportée à Ravensbruck et sera inhumée à ses côtés en 1979 au cimetière du Père Lachaise.
Nous qui sommes devant ce monument, rappelons-nous leur sacrifice et tout le respect qui leur est dû.
Rappelons-nous donc aussi ici et aujourd’hui les 48 résistants cégétistes et pour la plupart communistes, exécutés en octobre 1941 à Châteaubriant et Nantes, choisis par le sinistre Pucheu ministre de Pétain.
Rappelons-nous aussi plus de 809 cheminots fusillés, déportés, pendus ou massacrés sous la torture, plus de 1000 morts en déportation pour faits de résistance. Tous, ils ont donné leur vie pour qu’au-delà des guerres, un monde de liberté, de paix et qu’une société en faveur des travailleurs émerge.
C’est bien parmi ces milliers de travailleurs anonymes de la classe ouvrière, les cheminots, les postiers, les travailleurs dans les usines qui ont uni leurs forces pour enrayer la machine de guerre nazie.
Toute la vie de Pierre Sémard a été marquée par le don d’un engagement total. Depuis ses 20 ans comme secrétaire du syndicat de Valence jusqu’à sa nomination de secrétaire de la fédération des cheminots CGTU, il aura toujours eu à cœur d’œuvrer pour l’unité syndicale, la syndicalisation des cheminots et la défense des travailleurs. La classe dirigeante complice de l'occupant voyait en lui un homme dangereux pour leurs intérêts par ses qualités d’intelligence et d’honnêteté. Il fallait donc pactiser avec le diable. Dans certains milieux ne disaient-on pas : « Plutôt Hitler que le front populaire ».
Mais l’homme disparu, les idées de paix, de progrès, de justice demeurent… car les idées ne meurent pas.
« Être pacifiste, c’est en premier lieu combattre le fascisme ! » disait-il.
Comme ces mots de Pierre Sémard résonne aujourd’hui tristement à l’heure où dans cette Europe et dans de nombreux autres pays prospèrent les mouvements d’extrême-droite.
Cette extrême-droite, dont les paroles ripolinées sont constamment diffusées et reprises par les médias d’une poignée de milliardaires et y compris par ces médias prétendument publics. Ils oublient volontairement de rappeler qu’en 1933, Hitler, après avoir convoqué le patronat allemand leurs a assuré que sa priorité c’était de lutter contre les communismes et les francs-maçons.
Oui, c’est bien le Capital, par complicité tacite ou volontaire qui a permis l’accession au pouvoir des nazis. Malgré cette petite musique diffusée par ces même médias ‘Main Stream’ qui voudraient nous faire réécrire l’histoire en renvoyant dos à dos les extrêmes, comme ils disent.
« Personne ne peut contester – disait Pierre Sémard – que le fascisme ne soit la barbarie, la guerre, la misère et la ruine des peuples qui sont soumis à ce régime »
Mais c’est à nous, militants CGT, communistes et sympathisants, hommes de bonne volonté de diffuser et répandre les idées de Pierre Sémard refusant de s’en remettre aux seuls gouvernements.
Car comme il y a maintenant plus de 80 ans, c’est la destruction des services publics, la privatisation de tout ce qui peut l’être, le chômage massif, masqué par la macronie par des CDD, des stages bidons et bientôt le travail gratuit avec le RSA conditionnel. Le patronat en avait rêvé, les ‘libéraux’ au pouvoir l’on fait, qu’ils soient socialistes ou de droite assumée. A quand le retour du travail des enfants ?
Toutes ces orientations idéologiques sont du pain béni pour le RN et les groupuscules fascistes. Il n’y pas d’inégalités entre les hommes, il n’y a que des différences sociales. Rappelons-le !
Pierre Sémard, dans le cadre de son époque, à la création de la SNCF dont il fut membre du conseil d’administration, disait, de façon prémonitoire :
« Nous n’avons pas eu d’illusion à la création de la SNCF. La nationalisation reste à réaliser, mais nous n’avons pas été étroits dans nos perspectives. La SNCF doit être considérée comme une étape dans la voie de la nationalisation et la faillite de la SNCF serait un recul certain. La faillite du
chemin de fer. »
Ce constat percute de plein fouet la situation contemporaine avec la privatisation à marche forcée de la SNCF. Le gouvernement, la direction, les organisations syndicales réformistes contestent tout droit d’intervention dans le débat et même le droit d’information à la première organisation syndicale de l’entreprise.
«On croit mourir pour la patrie, on meurt pour des industriels » disait Anatole FRANCE.
A l’heure où de sinistres bruits de bottes se font entendre partout en Europe et l’augmentation de la température du globe a atteint les +1,5° en 2024, il existe une autre alternative qui est de développer un grand service public ferroviaire pour promouvoir la Paix et répondre aux besoins des usagers et à l’urgence climatique. La CGT est et sera toujours une force de proposition et de gestion.
Acquis d’hier sans cesse remis en cause mais nouveaux défis contemporains nous imposent de prendre modèle sur les valeurs et les engagements de Pierre Sémard.
83 Ans de luttes et de succès, grâce notamment au programme du CNR après-guerre, mais depuis, jour après jour, grignoté par les « libéraux » qui nous parlent de la fin de l’histoire ! Mais non, l’histoire n’est pas finie et les combats et les idéaux de Pierre Sémard demeurent, à nous de les faire vivre car ceux qui ne luttent pas ont déjà perdus.
Je vous remercie.
Franck Le Scraigne, syndicat CGT d’Angers